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Ferme du Bec Hellouin : peut-on vivre d'une forêt-jardin ? image
Publié le 31 mai 2018

En 2015, l’Institut Sylva, la Ferme biologique du Bec Hellouin et le Groupe de Recherche en Agriculture Biologique ont lancé avec le soutien de la fondation Terra Symbiosis une première étude : « La forêt-jardin, une nouvelle forme d'agroforesterie pour l'agriculture de demain ? ». La finalité de ce projet est d’étudier la possibilité de vivre d’une forêt-jardin, en climat tempéré, dans un contexte professionnel. Forme d’agroforesterie née dans les régions tropicales d’Afrique et d’Asie où certaines populations regroupent autour de leur habitat les végétaux qui leur sont utiles - arbres, buissons à fruits et à baies -, les forêts-jardins sont probablement la plus ancienne forme d'utilisation des sols au monde et le plus résistant des agroécosystèmes.

L’étude concerne les trois forêts-jardins de la Ferme du Bec Hellouin :

  • la forêt-jardin initiale, créée en 2008 : d'une surface de 1 230 m2, elle a pour finalité de réhabiliter la forêt-jardin existante pour la rendre plus productive. 
  • la mini forêt-jardin, implantée en 2016 : d'une surface de 300 m2, ce modèle « intensément soigné » de forêt-jardin a pour but de produire un maximum de fruits, petits fruits et plantes aromatiques vivaces sur un petit espace dans une logique permaculturelle. 
  • la forêt comestible, plantée en 2017 : d'une surface de 3,54 hectares, cet espace qui accueillera des arbres à coques, des fruitiers, des arbustes comestibles, de l'élevage, des légumes de garde et des blés anciens, a pour but de créer un paysage de résilience dans un objectif d’autosuffisance. 

Un premier rapport technico-économique présente les finalités de cette étude, les premiers résultats, ainsi que les principaux freins et leviers identifiés au développement d’une forêt-jardin commerciale en France.

Les forces 

  • Des frais d’investissement et de fonctionnement relativement faibles comparés à une installation agricole classique et amortissables sur une longue durée.
  • Des productions diversifiées, autorisant un stockage (séchage, congélation) et une transformation (sirops, confitures, infusions) qui permettent de commercialiser toute l’année.
  • Des aliments à haute valeur économique et nutritive.
  • Un système qui génère en partie sa fertilité. Les arbres remontent les minéraux du sous- sol et les rendent disponibles dans la litière, au bénéfice des végétaux à enracinement moins profond. Elle ne nécessite donc pas ou peu d’apports d’engrais ou de compost.
  • Un rôle de brise vent, favorisant ainsi la création de microclimats au bénéfice de cultures potagères par exemple.
  • Une participation par les arbres à la purification de l’air et de l’eau, au maintien des sols, à la séquestration du carbone atmosphérique et à l’accueil de la biodiversité.

Les freins potentiels

  • Par la présence des différentes strates et la diversité des espèces, l’entretien et la récolte peuvent être plus complexes et plus longs que dans un verger classique.
  • Dans un climat tempéré non méditerranéen, le manque de luminosité peut diminuer la production.
  • Les produits issus des forêts-jardins comme les cornouilles ou les arbouses sont pour la plupart peu connus du grand public.
  • Une forêt-jardin ne devient que pleinement productive qu’au bout de plusieurs années. Un complément de revenus est nécessaire en attendant.

Les leviers potentiels pour pouvoir vivre d'une forêt-jardin

  • Minimiser le temps de travail en Intégrant cette nécessité dès la phase de conception : prévoir des rangées, mêmes courbes et pas très longues, de fruitiers et en regroupant 3 ou 4 arbres de la même variété, regrouper également les fruits à noyaux et les fruits à pépins en petits îlots distincts, adapter le désherbage.
  • Bien choisir ses végétaux.
  • Assurer un suivi attentif et régulier des plantations en étant formé aux techniques agroécologiques
  • Prévenir plutôt que guérir : pour limiter les interventions phytosanitaires, respecter le biotope, en accueillant la biodiversité et en favorisant les associations bénéfiques entre les végétaux, les animaux et les champignons.
  • Prévoir le développement de la forêt-jardin au long terme, en rajoutant de la complexité et de la diversité au fur et à mesure.
  • Diversifier les sources de revenus tout en veillant à ne pas multiplier trop les ateliers.
  • Bien choisir ses réseaux de commercialisation, fidéliser ses clients et réfléchir à la meilleure façon de vendre les produits.

De premiers résultats encourageants

La première saison de la mini forêt-jardin est porteuse d’espoir, mais il faudra étudier la production au fil des années. Le chiffre d’affaires (mars 2016-février 2017) généré est de 3495 € TTC, principalement par la vente d’aromatiques. Cette valeur est inférieure à celle des premières années d’installation en maraichage, mais il semblerait que la forêt-jardin nécessite moins de charges d’exploitation. Pour la suite de cette étude, les investissements et les charges d’exploitation seront intégrés, afin d’estimer le revenu net dégagé par le sylvanier. La productivité horaire de sa première saison, qui atteint les 37 €/h hors temps d’implantation, est encourageante. Etant donné les délais de production des fruitiers, l’étude technico-économique devra être menée au long court, jusqu’en 2023 pour la mini forêt-jardin et jusqu’en 2030 pour la forêt comestible. 

Retrouvez tous les résultats dans le rapport technico-économique "Peut-on vivre d'une forêt jardin ?" Pour en savoir plus sur la conception de ces espaces, consultez aussi le rapport d'implantation de la mini-forêt jardin et le rapport d'implantation de la forêt comestible de la ferme du Bec Hellouin.

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