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Des Jeunes pour la Terre : 10 ans d’action au Burkina Faso image
Publié le 10 octobre 2017

En 2017, l’association Des Jeunes pour la Terre fête ses 10 ans d’action sur le terrain. Après avoir travaillé 30 ans dans le développement rural en Afrique et à Haïti, Gilles et Catherine Coureau ont créé en 2006 l’association Des Jeunes pour la Terre afin de lutter contre l’exode rural des jeunes en saison sèche, dans l’ouest du Burkina Faso (région de Dégoudou). Dès ses débuts, l’association s’est fixée trois objectifs majeurs : améliorer les conditions de vie des femmes par des investissements sociaux (maternité) et économiques (micro-crédit) ; encourager le maintien ou l’installation des jeunes agriculteurs selon une approche de développement responsable et viable ; et enfin, assurer une gestion durable des ressources naturelles.

De belles réalisations en agroécologie

Si en saison des pluies l’activité agricole bat son plein dans l’ouest du Burkina Faso, en saison sèche le travail vient à manquer et les jeunes se voient contraints d’émigrer. C’est pour lutter contre cet exode rural précoce et massif et offrir du travail localement que l’association Des Jeunes pour la Terre a mené un projet de cultures de contre saison en agroécologie et agroforesterie, soutenu par Terra Symbiosis. Ainsi, depuis le début de son action, l’association a développé de nombreuses initiatives agroécologiques : le zaï amélioré, les cordons pierreux végétalisés, la production de bois de feu, la conservation de la paille à l’urée, la gestion des feux précoces, les fosses fumières et l’adoption du foyer amélioré. A Dôna, village de la région de Dégoudou où l’association a basé son action, un périmètre maraîcher de contre saison a été mis en place spontanément par un groupe de jeunes. Cette initiative regroupe maintenant plus de 50 jeunes, hommes et femmes, qui travaillent la terre et vendent leur production sur place.

Concernant la protection de l’arbre, la préservation de l’acacia Faidherbia, une essence locale, est rentrée dans les mœurs. Cet arbre est considéré comme une bénédiction pour les Burkinabès puisqu’il perd ses feuilles en saison des pluies permettant ainsi au soleil d’atteindre les cultures plantées autour de l’arbre tandis qu’en saison sèche, son feuillage dense assure une couverture ombrageuse au sol et au bétail. Des Jeunes pour la Terre a également réalisé une plantation de haies denses de baobabs. Cette haie productive, dont les arbres sont plantés tous les 50 cm en moyenne, permet aux femmes de récolter les feuilles de baobab, qui se vendent très bien, à hauteur d’épaule. Sept ans après sa plantation, la haie est toujours en production.

Cependant, Gilles et Catherine font quand même un bilan mitigé du programme d’appui en agroécologie qui n’était pas assez solide, selon eux. Pour Gilles, « l’association n’est encore qu’aux prémisses de l’agroécologie » et il souhaiterait un appui venant de l’extérieur afin d’implanter plus durablement ces pratiques.

Une maison pour 50 arbres ! : des maisons contre la déforestation

Le projet le plus important pour l’association actuellement est « Une maison pour 50 arbres ! ». L’idée de ce projet est partie d’une problématique posée par les hommes de la région : la gestion du terroir. En effet, la démographie croissante fait concurrence aux ressources qui sont en constante diminution et la méthode de construction traditionnelle des toits-terrasses requiert des prélèvements importants en bois. Ainsi, l’objectif du projet est de parer à cette déforestation locale par l’introduction de nouvelles techniques de construction durable et sans bois, notamment la voûte en ferro-ciment, et d’encourager les habitants à protéger les ressources arboricoles locales. L’association s’engage ainsi à payer la moitié de la construction de la maison tandis que la personne s’engage, elle, à respecter une charte environnementale et agroécologique afin de protéger volontairement et avec anticipation son environnement forestier : 6 à 7 arbres sont épargnés par la construction en matériaux durables, et la personne s’engage à préserver 20 arbres de la coupe et à en planter 20 nouveaux.

Le projet a débuté en 2015 mais seules 13 maisons ont été construites, moins que ce qui avait été imaginé en deux ans. D’ailleurs, leur animateur local, Amidou, les a également incité à la prudence : il faut que la personne qui décide de s’engager soit solvable car elle finance 50% de la maison. « C’est un projet qui reste un peu élitiste », confie Gilles, car il ne s’adresse pour le moment qu’aux familles/personnes ayant assez d’argent pour financer la moitié de la maison.

Ainsi, pour pallier à cet effet « élitiste » du projet et à l’exclusion des femmes, Des Jeunes pour la Terre a mis en place des pôles de développement. Ces pôles permettent à l’agriculteur qui signe la charte environnementale de constituer, en parallèle, un groupe de cinq personnes – souvent des amis, des voisins, de la famille – afin de suivre et gérer les différentes initiatives en agroécologie développées dans la région par l’association. Avec la construction de 13 maisons, 13 pôles de développement ont été créés. Les groupes fonctionnent en auto-gérance et Amidou leur rend visite régulièrement pour vérifier l’avancée des projets.

Après dix ans d’activité, Gilles et Catherine sont confiants et positifs pour la suite. Malgré quelques échecs parmi les nombreux projets qu’ils ont menés, leur investissement au Burkina Faso reste une grande réussite, avec un périmètre maraîcher autonome à Dôna, un centre de santé en construction à l’initiative des habitants et « Une maison pour 50 arbres ! » qui séduit de nombreux agriculteurs dans la région.

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